APPA\'S 86 Association Pour la Protection des Abeilles

APPA\'S 86   Association   Pour   la   Protection   des   Abeilles

auteurs, découvreurs scientifiques et littéraires

 

 

Pour faire une prairie il faut un trèfle et une abeille, 
Un trèfle et une abeille, 
Et de la rêverie. 
La rêverie seule suffira, 
Si les abeilles sont rares. 

Emily Dickinson. Poésies complètes.  

 

Poursuivant mon œuvre, je vais chanter le miel aérien, présent céleste. Je t’offrirai, à partir de tout petits êtres, un spectacle admirable. 

Quand le soleil d’or a mis l’hiver en fuite, et l’a relégué sous la terre, quand le ciel s’est rouvert à l’été lumineux, aussitôt les abeilles parcourent les fourrés et les bois, butinent les fleurs vermeilles et effleurent, légères, la surface des cours d’eau. Transportées alors par je ne sais quelle douceur de vivre, elles choient leurs couvées et leur nid, et façonnent avec art la cire nouvelle et composent le miel. 

Virgile. Géorgiques

 

Les abeilles donnent le miel et la cire odorante à l’homme qui les soigne ; mais ce qui vaut peut-être plus que le miel et la cire, c’est qu’elles appellent son attention sur l’allégresse de juin, c’est qu’elles lui font goûter l’harmonie des beaux mois, c’est que tous les évènements où elles se mêlent sont liés aux ciels purs, à la fête des fleurs, aux heures les plus heureuses de l’année. Elles sont l’âme de l’été, l’horloge des minutes d’abondance, l’aile diligente des parfums qui s’élancent, le murmure des clartés qui tressaillent, le chant de l’atmosphère qui s’étire et se repose, et leur vol est le signe visible, la note convaincue et musicale des petites joies innombrables qui naissent de la chaleur et vivent dans la lumière. A qui les a connues, à qui les a aimées, un été sans abeille semble aussi malheureux et aussi imparfait que s’il était sans oiseaux et sans fleurs. 

Maurice Maeterlinck. La vie des abeilles

 

Oh ! vous dont le travail est joie, 
Vous qui n’avez pas d’autre proie 
Que les parfums, souffles du ciel, 
Vous qui fuyez quand vient décembre, 
Vous qui dérobez aux fleurs l’ambre 
Pour donner aux hommes le miel, 

Chastes buveuses de rosée, […] 
Ô sœurs des corolles vermeilles,  
Filles de la lumière, abeilles, […] 

Victor Hugo. Les châtiments

 

Chaque jour, dès la première heure de soleil, dès la rentrée des exploratrices de l’aurore, la ruche qui s’éveille apprend les bonnes nouvelles de la terre : « Aujourd’hui fleurissent les tilleuls qui bordent le canal. », - « Le trèfle blanc éclaire l’herbe des routes », - « Le mélilot et la sauge des prés vont s’ouvrir », - « Les lys, les résédas ruissellent de pollen ».

Vite, il faut s’organiser, prendre des mesures, répartir la besogne. Cinq mille des plus robustes iront jusqu'aux tilleuls, trois mille des plus jeunes animeront le trèfle blanc. Celles-ci aspiraient hier le nectar des corolles, aujourd’hui, pour reposer leur langue et les glandes de leur jabot, elles iront recueillir le pollen rouge du réséda, celles-là le pollen jaune des grands lys. 

Maurice Maeterlinck. La vie des abeilles

 

Plus tard, quand tu verras, en levant les yeux, l’essaim sorti de la ruche nager dans le ciel limpide, vers les astres, et, qu’étonné, tu l’apercevras qui flotte au gré du vent comme une nuée sombre, suis-le des yeux… 

Virgile. Géorgiques

 

[L’essaim] reste suspendu à la branche jusqu’au retour des ouvrières qui font l’office d’éclaireurs ou de fourriers ailés et qui, dès les premières minutes de l’essaimage, se sont dispersées dans toues les directions pour aller à la recherche d’un logis. Une à une elles reviennent et rendent compte de leur mission, et, puisqu’il nous est impossible de pénétrer la pensée des abeilles, il faut bien que nous interprétions humainement le spectacle auquel nous assistons. Il est donc probable qu’on écoute attentivement leurs rapports. 

L’une préconise apparemment un arbre creux, une autre vante les avantages d’une fente dans un vieux mur, d’une cavité dans une grotte ou d’un terrier abandonne. Il arrive souvent que l’assemblée hésite et délibère jusqu’au lendemain matin. Enfin le choix se fait et l’accord s’établit. A un moment donné, toute la grappe s’agite, fourmille, se désagrège, s’éparpille et, d’un vol impétueux et soutenu qui cette fois ne connaît plus d’obstacle, par-dessus les haies, les champs de blé, les champs de lin, les meules, les étangs, les villages et les fleuves, le nuage vibrant se dirige en droite ligne vers un but déterminé et toujours très lointain. Il est rare que l’homme le puisse suivre dans cette seconde étape. Il retourne à la nature, et nous perdons la trace de sa destinée. 

Maurice Maeterlinck. La vie des abeilles.  

 

Un essaim d’abeille parvient à une forme d’intelligence collective dans le choix de son domicile. Les ouvrières d’un essaim d’abeille à miel conduisent un processus démocratique de prise de décision pour choisir le lieu de leur nouvel habitat – un choix qui aura, l’hiver venu, des implications en termes de vie ou de mort.  

Identifier une série d’options distinctes, partager librement les informations concernant ces options et choisir collectivement la meilleure… Partager les découvertes en exécutant des danses, conduire un débat concernant la meilleure option possible et parvenir à un accord à propos du nouveau domicile de l’essaim. Et, presque toujours, la sagesse collective des abeilles choisit la meilleure option parmi toutes celles qui sont disponibles.

Thomas Seeley. Honeybee democracy. [La démocratie des abeilles à miel.] 

 

Notre régime politique ne prend pas pour modèle la loi des autres. Loin d’imiter les autres, nous sommes nous-mêmes un exemple. Quand au nom de notre régime, comme les choses dépendent de la majorité, cela s’appelle une démocratie. 

Thucydide. La guerre du Péloponnèse

 

 

  

Honeybee democracy

[La Démocratie des abeilles à miel]

de Thomas Seeley

éditeur : Princeton University Press
parution : 2010

 

 

« Tout cela paraît très clair – et demeure cependant suffisamment mystérieux pour que nous ne cessions de nous émerveiller. 

 

[…] Un des motifs qui me poussèrent à écrire ce petit livre fut le désir de partager la joie que j’avais vécue. » 

 

Karl von Frisch. Vie et mœurs des abeilles.  

 

 

 

 

 



04/03/2013
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