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Développement durable


Alimentation "Incroyables comestibles"




03/07/2013
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Les Moissons du futur

L'agriculture contre la forêt

"LES MOISSONS DU FUTUR" DE MARIE-MONIQUE ROBIN

 

Le forêt occupe 30% de la surface de la terre, dont la moitié est aux USA, au Brésil, au Canada, en Chine et dans la Fédération de Russie. Cette infographie illustre la répartition géographique et les conséquences globales de la déforestation.

 

 

"UN MONDE SANS MONSANTO"

LA RÉALISATRICE SUR SON DOCUMENTAIRE ET SON TRAVAIL DE JOURNALISTE

 

Après "Le Monde selon Monsanto" et "Notre poison quotidien", Marie-Monique Robin livre le dernier opus de sa trilogie, "Les Moissons du futur", une enquête résolument optimiste sur les remèdes possibles à la crise alimentaire qui touche la planète. 

 
La journaliste Marie-Monique Robin
zoom

La journaliste Marie-Monique Robin

 

  • Marie-Monique Robin, comment est né ce projet ?

    Marie-Monique Robin : Les moissons du futur sont dans la droite lignée de mes précédents documentaires. Je pars du discours dominant, qui prétend que si on sort de l’industrie agroalimentaire, c’est la famine assurée, et je démontre que ces allégations ne reposent sur rien. Tout a commencé sur un plateau de télévision où Jean-René Buisson, le président de l’Association nationale de l’industrie agroalimentaire, expliquait qu’il n’y avait pas d’alternative aux pesticides. Selon lui, si on passait à une agriculture bio, cela entraînerait une baisse de la production de 40 % et une augmentation des prix de 50 %. C’est ce discours qui est majoritairement relayé par les médias. J’ai donc décidé d’enquêter. Il se trouve que peu de temps après, j’ai rencontré à Genève Olivier De Schutter, le rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation des Nations unies, qui dit exactement le contraire ! Au fil de mon enquête, je me suis rendu compte que le discours des industriels est totalement faux : l’agroécologie permettrait de nourrir la planète.

  • Est-ce que vos documentaires sont une forme de militantisme ?

  • Ça dérange certaines personnes, mais c’est mon travail de journaliste. 
Ça, c’est le discours de l’industrie, qui me dit régulièrement que je ne fais pas du journalisme. Cela me fait sourire, parce que je fais ce métier depuis trente ans, que j’ai réalisé de nombreux films sur des sujets différents et que je n’ai pas changé ma manière de travailler : je vérifie les informations et je remets en cause les vérités établies. Ça dérange certaines personnes, mais c’est mon travail de journaliste. Sur des sujets tels que Monsanto, on se retrouve face à une véritable machine de désinformation, mais pour le prouver, il faut beaucoup de temps. Car il s’agit de puissances énormes, disposant de moyens financiers colossaux, qui noient les médias sous des tonnes d’études où il est très difficile de démêler le vrai du faux.

  • Comment procédez-vous en tant que journaliste d’investigation ?

    Cela fait six ans que je travaille sur ce sujet et j’ai la chance, notamment grâce à ARTE, de vérifier leurs messages et de déconstruire leur discours. Je peux aller au bout du monde pour rencontrer l’expert que je veux, quand je veux. C’est un privilège inouï, mais c’est aussi la seule façon d’aller au bout de tels sujets. Le livre que j'écris actuellement me permet d’entrer dans ces détails, car je ne pouvais bien sûr pas tout mettre dans le film. Mon but, c’est de tirer un fil pour que les gens puissent s’en emparer et s’organiser collectivement s’ils le souhaitent.

  • Quel bilan tirez-vous de cette enquête ?

    Ce qui se passe est un énorme gâchis. Il faut rappeler que non seulement l’industrie agroalimentaire rend les gens malades, mais qu’en plus elle ne parvient pas à nourrir le monde : un milliard de personnes souffrent de la faim. L’argument qui dit que les pesticides constituent la seule solution à la famine est donc complètement faux. Il faut aller sur place pour voir ce qui se passe. La bonne nouvelle, c’est qu’avec l’agroécologie, il y a des solutions qui marchent. Je suis revenue pleine d’espoir de ce voyage parce s’il y avait une vraie volonté politique, grâce à ce modèle, on pourrait nourrir le monde très vite. En quatre ou cinq ans, tout serait réglé.

  • Et la mauvaise nouvelle ?

  • Nos enfants vont vivre dans un chaos inouï : des millions de réfugiés, la fin du pétrole et du gaz... 
J’ai fait plusieurs fois le tour du monde, mais je n’ai jamais ressenti un tel sentiment d’urgence que lors de ce voyage qui m’a menée du Mexique au Malawi en passant par le Japon. J’ai véritablement pris conscience que les conséquences que le réchauffement climatique nous prépare à court terme, d’ici à trente ans, sont absolument terribles. Nos enfants vont vivre dans un chaos inouï : des millions de réfugiés, la fin du pétrole et du gaz... La nécessité d’agir est extrême, les solutions sont à notre portée, mais on continue à faire comme si de rien n’était. Il faut une prise de conscience de la part des politiques. En Afrique, là où aujourd’hui les conséquences du réchauffement sont ressenties le plus durement, les gouvernements ont commencé à promouvoir l’agroécologie avec succès. Mais en Europe, on n’en est pas encore là. J’estime donc que le bilan est positif, puisqu’on a les moyens de s’en sortir, mais je suis en même temps très pessimiste parce que, pour la première fois, je me dis qu’il est peut-être déjà trop tard. 

Propos recueillis par Kristel Le Pollotec

14/03/2013
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